Pérégrination Informatique#25. L’Architecture urbain de l’espace numérique.
Oui, vous avez bien lu, ''pérégrination informatique'', cette balade change de trajet et sillonne dans les paysages binaires du monde informatique s'ouvrant cependant sur quelques points du vue artistiques, ces deux deux mondes étant parfois limitrophes.
D'une matrice binaire1, ce monde numérique s'est peu à peu rendu accessible par des interfaces d'écrans pixelisés. Ces successions de petits carrés millimétrés auxquels sont associés une couleur en taux additionnés de couleurs primaires, éclaire alors un monde épuré mais simplifié par un lissage mathématique des infinitésimales et subtiles variations qui font en réalité le sublime du monde naturel.
Si l'« univers spectral » que développe le philosophe Eric Sadin explicite l'intégration de ses systèmes numériques dans la vie naturelle, le « monde de la pixellisation intégrale »2 qu'il identifie aussi, procède a contrario de l'intégration de la vie humaine dans l'espace numérique. Matérialisé dans les énergivores ordinateurs, portables et ''data center'' ce monde conceptuel a opéré au fil des innovations informatiques différentes mutations rendant son organisation de plus en plus complexe.
1. Le monde numérique personnel.
Commercialisés dans les années clinquantes, les premiers ordinateurs investissent au fur et à mesure les foyers faisant champignonner en Occident premiers espaces numérique alors directement et uniquement rattacher à ces interfaces qui grâce à une mémoire interne y adjoint divers logiciels et des fichiers numériques personnels. Paramétrable, leur utilisation teinte alors ce monde numérique de la singularité de leur utilisateur le transformant en un espace personnel et même privé (rectangle bleu). Nous appartenant intimement il est alors protégé à l'abri d'autrui dans le monde naturel par un mot de passe et dans le monde numérique connecté, qui adviendra par la suite avec la création du réseau mondial internet, par des firewalls et antivirus. N'existant cependant pas encore les transactions entre ces espaces numériques personnels se font par le monde naturel dans des objets de transport de données numériques où à travers des connexions liant directement les ordinateurs entre eux.

2. Le monde numérique ''Cloud''
Comme vous l'aurez certainement deviné, c'est l'arrivée d'internet dans les années quatre-vingt-dix génère un nouvel espace numérique externalisé mais dont les ordinateurs personnels restent cependant les interfaces. N'importe qui peut alors se connecter et pénétrer dans ce monde numérique donc commun mais aussi ininterrompu, en perpétuel mouvement et que l'on associera à un nuage, ''cloud'' en anglais. En effet flottent tel des particules de nombreux sous-espaces visitables (carrés rouges) que l'on appelle sites, créé par des individus, entreprise, association… et sur lesquels sont exposés à, possiblement, n'importe quelles personnes connectées, des fichiers personnels numérisés : vidéos, photographies, textes même s'ils sont généralement écrits à même le site, musicaux...
Ces possibilités de monstration, de partage mais surtout de création dans ce monde numérique ont généré une nouvelle catégorie artistiques, l'art numérique qui proliférera alors dans une multiplicité de formes et de changements dans la nature profonde des œuvres d'art et donc dans l'art lui-même. Cependant perdu dans cette masse vaporeuse, immense, grossissante et donc labyrinthique à la législation légère et confuse, ce mouvement restera marginal, instable et plutôt diffus.

3. Le monde numérique urbain
ou Monopolis
« Monopolis, il n'y aura plus d'étrangers, on sera tous des étrangers, dans les rues de Monopolis »3
Si le début du XXIe siècle a vu l'arrivée des smartphones qui étend largement le temps et le nombre de connexions et donc l'omniprésence du monde numérique dans la vie humaine, cette invention technologique ne modifie cependant pas fondamentalement le fonctionnement de l'espace numérique, c'est pourtant bien durant à cette période qu'il entamera sa troisième évolution. Centralisant la plupart de ces connexions dans un seul espace, les réseaux sociaux numériques structurent alors dans ce monde vaporeux des architectures solides dans une organisation urbaine ou interagissent plusieurs zones caractéristiques.
- La zone pavillonnaire.
Première étape obligatoire d'une inscription sur ces réseaux, la création d'un profil, lui-même obligatoire pour entrer dans cette structure. Ingénieux. Si cette zone externe à l'interface se veut comme l'espace numérique personnel, modulable et, de la même manière, à l'image de son utilisateur, elle reste cependant la propriété de ce réseaux social et permet alors surtout d'afficher cette identité aux autres utilisateurs. Ainsi dans l'ensemble plus étendu de cette nouvelle zone personnelle se superposent plusieurs cercles d'intimité comparable à une maison.
Premier cercle : la façade. (carré bleu)
Zone que l'utilisateur rend visible par n'importe quel autre utilisateur telle la façade d'une maison pour n'importe quel habitant de la ville.
Second cercle : l'intérieur visitable. (carré bleu)
Cette zone s'apparente aux pièces visitables de la maison dans lesquels les résidents invitent, bien souvent, leurs ''amis'', terme repris sur les réseaux sociaux afin de qualifier les utilisateurs ayant accès à une partie de cette zone personnelle ou sont affichées des informations plus intimes.
Troisième cercle : l'habitat privé.
Cette zone, la plus intime, est extérieure au ''cloud'' car c'est en fait l'espace numérique de la première organisation du monde numérique, celui de l'ordinateur. Il correspond dans cette analogie, aux pièces où aux espaces intimes de la maison tels que les placards, la chambre, la penderie, ...
- La zone centre-ville où le forum
Le forum romain était un lieu de discussions des affaires politiques de la cité et de l'état mais aussi d'affaires commerciales ou personnels. Repris dans le domaine numérique il définie alors des sites sur lesquels s'établissaient des discussions autour de sujets variés. Jusqu'ici atomes du ''cloud'', ce lieu a alors été intégré dans les réseaux sociaux avec cependant une différence majeure, l'inclusion d'une temporalité faisant apparaître et disparaître les sujets au fur et à mesure des actualités du monde naturel. Si le cloud représente le monde numérique dans un état gazeux, la zone pavillonnaire dans un état le solide, le forum s'apparenterait dans cette rivière constante de publications à l'état liquide du monde numérique.
Un fleuve gigantesque composé alors d'une multitude de courants faits des divers trajets des utilisateurs à travers cette cascade de publications. Ce ''fil d'actualité'' propre à chaque utilisateur est alors calculé par un algorithme avec leurs affinités exprimés, ainsi, telle la promenade en centre ville, l'individue fera son propre chemin habituelle d'enseignes rencontrant divers connaissances bavardes de leurs nouvelles personnelles et de leur opinion sur les affaire politiques. Cette diversité du monde naturel se reflète alors numériquement dans deux types de publications :
- celles personnelles (points bleus) qui affichent des nouvelles, des avis, des humeurs des utilisateurs même. Elles concerneront donc la façade ou l'intérieur visitable de la zone pavillonnaire.


- celles commerciales (points rouges) qui affichent des nouvelles de structures privées, entreprises, magasins, associations ou de structures publiques de toutes tailles. Les nouvelles politiques sont ici incluses dans les publications commerciales car avant tout vitrines de médias où partis politiques. Ces publications concerneront alors la dernière zone de cette organisation urbaine du monde numérique, la zone commerciale.
- La zone commerciale
Si la première organisation, personnelle, du monde numérique s'intègre dans le troisième cercle de la zone pavillonnaire de l'organisation urbaine, de la même manière la seconde organisation en ''cloud'' s'intègre, elle, à la zone commerciale. Péri-urbaine cette zone se condense à l'extérieur du fonctionnement des réseaux sociaux mais entretient avec elle des interactions par publicités ou des publications qui officient alors comme vitrine, invitant les utilisateurs, à se déplacer jusqu'au cloud pour découvrir l'intérieur du magasin. Permettant une retombé substantielle dans le marché du monde naturel, se déroule alors un combat féroce à l'attention ou l'esthétique sera bien entendu primordial. Pour se faire certaines enseignes étende alors leur présence directement dans la zone pavillonnaire soit en y, tels les magasins de proximité, en y créant directement un profils, soit en engageant des utilisateurs particulièrement populaires pour partager dans les publications personnelles leur produit, ce qu'on appelle des influenceur.euses.
Bien, voilà cet article terminé. Je prends mon téléphone est me glisse dans le monde numérique par les réseaux sociaux.
Tiens, un de mes amis vient de devenir père. Il faudrait que j'aille le voir, dans le monde naturel bien sûr.
A.Rymbaut
1 Fiche 2 : Les nombres binaires, section photo – articles – Dissection d'une image, site pérégrination artistique.
2 SADIN Eric, La vie spectrale, Penser l'ère du métavers et des IA génératives, Grasset, p36.
3 GALL France, Monopolis, Starmania, BERGER Michel, PLAMONDON Luc, 1979.
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