Pérégrination Artistique#5. Children Power, FRAC Île-de-France, Le plateau, Paris, 11/21.
Mon séjour parisien touchant inexorablement à sa fin j'entreprenais une dernière errance touristique au parc Buttes Chaumont. Accompagné de mon meilleur partenaire, google maps, j'arpentais les rues en direction de ce petit poumon vert quoique quelque peu teinté en cette période automnale. Dernière marche, dernier repas, mon nouveau meilleur ami me laissa voir non loin de là un dernier lieu à visiter, le FRAC île-de-France, le plateau. Après avoir serpenté les sinueux sentiers de Buttes Chaumont et savouré les ultimes vues de la ville je me mis en quête du FRAC pour y passer mais derniers moments... c'était en tout cas ce que je pensais. Je rentre donc dans le bâtiment donnant directement sur la billetterie et décoche avec un léger sourire une plaisanterie sur une petite phrase inscrite sur la porte d'entrée.
« Je suppose que je dois faire demi-tour ? »
Et quelle ne fut pas ma surprise d'entendre la réceptionniste me répondre par l'affirmatif rendant ma blague on ne peut plus sérieuse. ''Interdits au + 18ans'' , tel était l'énoncé de l'inscription et le concept de l'exposition Children Power de Xavier Franceschi .
Décontenancé, je la vis m'expliquer, non sans gênes, que seuls les enfants ou adultes accompagnés d'un enfant peuvent visiter cette exposition et que, les conditions bien entendu réunies, je pouvais repasser. Un brin piqué, mais sans agressivité, je lui explique ma situation et mon impossibilité de revenir sur place. Amusé, je fis demi-tour et sortis le sourire de nouveau aux lèvres.
Mais alors ai-je vu une œuvre de cette exposition ? Non. Est-ce que je pense y retourner ? Non plus. Alors que dire d'une exposition que l'on a pas vu ?
Il faut ici je pense non pas réfléchir à cette exposition en tant qu'exposition classique, c'est-à-dire une spatio-temporalité, un étendu dans le temps et l'espace, de présentation d'œuvres, mais comme un objet artistique s'apparentant à une œuvre à part entière. Elle leur emprunte la contrainte de l'engagement, sa « spécialisation »1 comme dirait Dewey. . Une exposition faite donc de « différentes parties [, d'œuvres] distinctes »2 « Films et vidéos [..] jeux conceptuels inédits, espace « clubbing » [...] extension sur les réseaux sociaux [...] journal, événements, rencontres, ect»3 mais dont cette contrainte, leur « matière »4, les formes toutes et les unie en « arrière-plan »5. Mais même si dans les œuvres cette contrainte peut-être occultée dans leurs formes finales « l'exposition est interdite aux adultes et les artistes de l'exposition ont été invité.e.s à produire de nouvelles pièces en fonction de ce contexte particulier. »6, elle reste cependant la première expérience vécue et synthétise parfaitement l'envie de cette exposition « d'affirmer la place centrale que les enfants et les adolescent.e.s occupe dans le projet »7 car par ce refus catégorique renvoie immédiatement l'adulte au rôle d'enfant. En effet même si les règles existent dans nos sociétés elles ne sont pas, ou plus, tenues par absolutisme mais par responsabilité individuelle. Ainsi l'enfant qui se verra refuser : objets dangereux, veillées tardives, sujets tabous, images violentes... par le seul fait d'être enfant, goût ici revécu mais par le seul fait d'être adulte.
Ainsi me revoilà enfant et à Butte Chaumont attendant mes dernières heures dans la ville lumières gribouillant sur une exposition qu'adulte, je n'ai pas pu voir mais que je pourrais au moins qualifier d'audacieuse.
A.Rymbaut
1 L'art comme expérience, John DEWEY, 1934.
2 Ibid.
3 Livret Children Power, 2021.
4 L'art comme expérience, John DEWEY, 1934.
5 Ibid.
6 Livret Children Power, 2021.
7 Ibid.